INTERVIEW de Jean
Claude HERNIOU
parue dans la
Revue Aesculape n° 10 de Janvier -février 1998
JEAN-CLAUDE HERNIOU
Ostéopathe DO DGBM.
Président de l'EOA
Président du Jury Européen 97-98-99-2000-2001
Jean-Claude Herniou a créé, il y a quelques
années, une école d'ostéopathie, l'IPCO, qui a
formé de nombreux ostéopathes de qualité.
Il a traduit les deux premiers volumes écrits par
l'américain Upledger concernant le système crânien.
Ses recherches de Doctorat en Génie Biomédical dans le
département de biomécanique (unité affiliée au CNRS
858) s'intitulent
« les structures et les propriétés
mécaniques des os du crâne ».
Guy Roulier : Jean-Claude, nous savons que depuis plus de dix ans, tu consacres une partie de ton activité à faire de la recherche afin d'apporter une pierre supplémentaire pour crédibiliser l'ostéopathie. Où en es-tu ?
Jean-Claude Herniou : Depuis 1984, peu de travaux ont été publiés dans ce domaine ; les États-Unis, qui disposent des moyens les plus importants, ont orienté leurs travaux vers d'autres horizons. Il était donc l'heure, pour l'Europe, de prendre la suite. Le relais a été mis en place après le congrès mondial de Bruxelles en 1984.
GR : Alors, le crâne bouge-t-il ?
JCH : Évidemment ; d'ailleurs, si les os du crâne étaient fixes, il n'y aurait pas de sutures. De plus, cette non mobilité serait une exception dans les lois de la vie, ce qui rendrait, à mon avis, ce système crânien encore plus intéressant !
GR : Qu'avons-nous comme certitude ?
JCH : La première nous
ramène aux travaux du département de Biomécanique de
l'Université du Michigan en 1981 auxquels j'ai
participé en tant qu'observateur invité par le Pr. John
Upledger. Les résultats histologiques d'Ernie Retziaff
et les diapositives qui ont concrétisé ces travaux,
sont hautement significatifs : les sutures crâniennes
sont richement vascularisées et innervées et elles
contiennent des fibres conjonctives élastiques en grande
quantité.
Peu après ces travaux, le chercheur sud africain Bunt a
prouvé qu'il existait des mécanorécepteurs
intrasuturaux.
En 1984, le Pr Tamboise en France a montré qu'il
existait des ostéoblastes en nombre au sein des sutures,
ce qui confirme une activité intense à ce niveau.
GR: Et depuis, qu'en est-il ?
JCH: C'est à partir de 1985 justement que je commence mes propres recherches dans ce domaine. Après avoir obtenu en 1984 un diplôme de Maîtrise universitaire scientifique me permettant d'intégrer l'Ecole Doctorale d'un grand département universitaire français de Biomécanique affilié au CNRS.
GR : Peux-tu nous donner de l'information sur les résultats de tes travaux ?
JCH: Depuis 1987, j'ai la preuve que le liquide céphalo-rachidien (LCR), très cher à mes confrères ostéopathes, n'est pas le moteur de la mobilité crânienne. Le LCR n'est le moteur de rien du tout. Et, plus important encore, j'ai la preuve que le « mécanisme respiratoire primaire », tel qu'il est habituellement décrit en Ostéopathie, n'existe pas. Quand je lis ce qui est écrit à ce niveau je suis, pour le moins, perplexe !... Il me semble que de nombreux auteurs, par culte de Sutherland, perpétuent une erreur grossière. Cette idée bien explicable pour l'époque est aujourd'hui totalement obsolète. A mon avis, elle décrédibilise l'ostéopathie.
GR : Ce que tu dis là est grave, car les ostéopathes européens les plus célèbres et même les plus grands professeurs médecins américains ostéopathes américains soutiennent encore cette hypothèse de l'existence d'un mécanisme respiratoire primaire (MRP) dont le moteur selon l'avis de la plupart d'entre eux serait le LCR.
JCH : Voilà bien le
problème, dans la notion conditionnelle du
« serait », dans la notion d'hypothèse qu'il
ne faut pas confondre avec la conclusion (la tentation
est fréquente).
Aujourd'hui en tant que scientifique, je ne peux plus me
contenter du conditionnel et je me dois de vérifier la
crédibilité des conclusions. Je me suis longtemps
contenté de « croire », puisque jadis j'ai
moi-même accrédité ce genre d'erreur ! J'ai cru comme
beaucoup à ce que les « Maîtres de
l'ostéopathie » disaient ou écrivaient. Mais en
ce qui me concerne il ne s'agissait que d'une erreur de
jeunesse et je me suis très vite posé certaines
questions car les explications que me proposaient ces
« Maîtres » me paraissaient franchement
teintées d'un flou artistique suspect.
GR : Maintenant que tu sembles vouloir détruire un « mythe », étant donné la résonance que cela va avoir dans le monde ostéopathique, tu dois nous apporter des preuves de ce que tu avances ?
JCH : J'ai ces preuves depuis 1987, et je ne les ai pas diffusées afin de ne pas trop perturber une certaine « suffisance » ostéopathique dans laquelle s'est installé un certain nombre de « dignitaires » enseignants. Il est vrai que 10 ans ont passé depuis cette découverte et qu'il est grand temps de mettre « les pendules à l'heure » au moment où le Parlement Européen nous propose de fournir des arguments crédibles à notre thérapeutique alternative reconnue à juste titre à des non médecins dans certains pays européens.
GR: Tu peux donc nous donner des résultats chiffrés de tes travaux !
JCH : En effet, il ne s'agit
pas ici de se contenter de détruire des mythes. Les
résultats, les voici : le LCR est un liquide sous
pression fluctuante. Il constitue donc bien avec la
boîte crânienne ce qui caractérise mécaniquement un
couplage Fluide/Structure. Mais la pression qui s'exerce
dans le sens de la normale connaît une valeur
négligeable : pression LCR = 1200 N/m2. Il est donc
possible de déterminer que cette pression peut être
totalement négligée puisque j'ai démontré qu'elle est
inférieure au 1/10 de celle que nous appliquons avec nos
mains lors de nos tests sur le crâne, même lorsque nos
mains ne se contentent que d'effleurer le cuir chevelu !
De plus, la fluctuation du LCR s'effectue à très faible
vitesse (1 cm à l'heure). Celle-ci constituait la
dernière chance « motrice » pour le LCR. Le
problème LCR est donc définitivement réglé.
Les structures crâniennes, y compris suturales, sont
beaucoup trop résistantes pour que la contrainte
transmise par le liquide céphalo-rachidien soit
significative. Enfin, le feuillet externe de la
dure-mère ne constitue pas le périoste interne ; les
deux structures sont indépendantes et ne sont que très
légèrement accolées l'une à l'autre. Il est très
facile de les désolidariser.
GR : Ceci remet en cause la crédibilité des techniques crâniennes ?
JCH: Oui, mais heureusement il ne s'agit seulement que de quelques unes. La plupart restant valables. Par exemple : les techniques mettant en rapport les os les uns par rapport aux autres en fonction de la structure suturale (biseautée, dentée, harmonique...) restent crédibles mais tout le monde se doute bien que la technique CV4, (encore un mythe de Sutherland), ne comprime pas le 4ème ventricule, et heureusement. Cependant elle reste une excellente technique d'inhibition du système orthosympathique (je simplifie beaucoup et je m'en excuse auprès des puristes). C'est l'explication surtout au niveau de l'effet mécanique des techniques de correction de la fluctuation du LCR ou de son influence qui est à remettre en cause totalement.
GR : Certains on dit et écrit que le cerveau était globalement pulsatile ; on a même comparé son fonctionnement à celui d'une méduse dans son milieu aquatique ?
JCH : Si le cerveau était
pulsatile, ça se saurait, et comme substance noble, une
méduse ! Quelle déception.
Pire, j'ai lu un jour une publication d'un médecin
ostéopathique américain « sérieux » qui
prétendait que le LCR constituait le support de l'âme
et qu'il était « l'essence » de l'effet
Kirlian. Heureusement, il n'a convaincu personne.
GR : De combien bougent les sutures crâniennes, à quoi servent-elles ?
JCH : Mes estimations
moyennées sont les suivantes et confirment les travaux
antérieurs : harmoniques 45 microns, dentées et
biseautés 25 microns (une contrainte équivalente à un
poids de 500 grammes sur 1 cm2 appliquée sur le biseau
interne le mobilise de 6,5 microns en moyenne).
Les sutures jouent un rôle considérable d'absorption
/amortissement des contraintes externes sur la boîte
crânienne (déformabilité assez importante par rapport
à la structure osseuse).La dure mère sert d'arceau de
sécurité avec renforcements particuliers à certains
endroits « stratégiques ». Le LCR a un rôle
de répartiteur et donc d'ultime protection de la
substance nerveuse.
GR : Comment peut-on concevoir qu'un praticien puisse ressentir manuellement des mouvements aussi faibles ?
JCH Je te rappelle qu'une
feuille de papier à cigarette ne fait que quelques
microns d'épaisseur. Si tu fais l'expérience de la
mettre unilatéralement entre les faces masticatrices des
molaires d'un sujet lorsqu'il a les yeux fermés, non
seulement il ressent la malocclusion imposée mais il
présente une modification de son équilibre postural.
Au niveau des mains d'un praticien bien entraîné, la
proprioceptivité tactile est presque comparable :
il ressent la légère « marche » descendante
ou montante créée par les deux feuilles de papier à
cigarettes posées l'une sur l'autre légèrement en
décalage. Les techniciens spécialisés dans l'outillage
des pièces mécaniques de précision (pièces de moteur
d'avion par exemple) ressentent un défaut d'épaisseur
de l'ordre de 10 microns lorsqu'ils prennent dans chacune
de leur main deux pièces apparemment identiques.
GR : Comment expliquer que lorsque l'on met les mains sur la tête d'un patient on ressent une mobilité caractéristique de la mobilité dite « crânienne » ?
JCH : Il y a deux mobilités respiratoires : la nôtre et celle du patient. Elles correspondent toutes deux à notre respiration costo-diaphragmatique, je dirais plutôt ventilation pour bien montrer que çà n'a rien de « primaire » puisqu'elle n'existe pas in utero. Si on veut faire de l'ostéopathie crânienne, la première précaution à prendre est de ne pas confondre les deux rythmes : le sien et celui du patient. sinon en sentant sa propre respiration, on sentirait bouger rythmiquement des objets inertes.
GR : Donc le mécanisme primaire n'existe pas ?
JCH : Non, la mobilité du foetus in utero est celle de sa mère. Je l'ai vérifié et démontré. De plus c'est une erreur supplémentaire que de s'imaginer que la mobilité existe encore un quart d'heure après la mort comme je l'ai lu. Quand on est mort, on a expiré une dernière fois, donc on ne respire plus : ce n'est pas une découverte.
GR : Mais alors si tout simplement la respiration/ventilation costo-diaphragmatique est le moteur du système, comment expliquer que les praticiens perçoivent un décalage entre la ventilation et ce qu'ils ressentent à la tête, au sacrum ou aux pieds du sujet ?
JCH : Non seulement ce décalage existe mais il est mesurable et il a été mesuré. Il devient presque nul lors des soupirs, des bâillements et de la ventilation active maximale. Je voudrais rappeler que, en complément de la mécanique (articulaire, viscérale, crânienne), il ne faut pas oublier que le corps humain vivant est avant tout un modèle liquidien. Le corps humain (y compris les os) est surtout composé d'eau. Une partie de ma recherche fut consacrée à l'évaluation des modules d'élasticité et des coefficients de déformabilité des structures crâniennes vivantes. Ceci n'avait jamais été fait et les résultats obtenus permettent une meilleure compréhension des mécanismes crâniens. Ceci dit, pour répondre plus particulièrement à ta question concernant la motricité du système, remarquons que c'est en fonction des différences de structures qu'elle va rencontrer que l'onde de choc émise, dans le système liquidien humain par la ventilation (surtout par l'énorme piston hydraulique diaphragmatique), va être progressivement transmise jusqu'aux extrémités du corps. La réception de cette onde à distance sera déphasée et atténuée (diminution en fréquence et en amplitude) de façon proportionnelle à la densité et à la composition des structures traversées ainsi qu'à la distance parcourue par rapport au piston diaphragmatique. Nous avons donc des phénomènes que j'ai mesurés, de diffusion, d'absorption et de rebond, responsables de l'atténuation des ondes. Ainsi, il est donc normal que la réception de l'onde au pied présente un léger retard par rapport à celle perçue au niveau du crâne.
GR: Dans cette transmission, quel est le rôle des fascias ?
JCH : Le rôle des fascias
bien mis en évidence par Roques et Gabarel en 1985 est
important dans cette transmission mais il ne saurait
remplacer celui des muscles. Ainsi, le rôle du
diaphragme si cher à PH. Souchard est primordial, comme
nous venons de le voir. Cependant, je tiens à mettre en
avant également le très grand rôle joué par les
contraintes musculaires externes (il suffit pour s'en
rendre compte de mesurer la puissance masticatrice par
exemple ! Comment veux-tu qu'elle n'influence pas au plus
haut degré la mobilité crânienne...).
Ceci explique aussi toute l'efficacité au niveau du
corps des techniques myotensives chères à Fred
Mitchell.
GR : Alors au moins les ostéopathes ne délirent pas quand ils font de l'écoute et de la thérapie crânienne ?
JCH: Non bien sûr, et s'il
n'y avait pas de résultats significatifs, il y a
longtemps que les ostéopathes ne s'acharneraient plus
sur le crâne, mais cela sera l'objet d'un autre débat.
Malheureusement les explications que certains, et non des
moindres, ont voulu fournir aux autres pour justifier les
ou leurs pratiques manuelles crâniennes et parfois
surtout pour se faire valoir, ont été teintées d'une
certaine fantaisie...
GR : Mais alors le moteur respiratoire ! C'est très simple ?
JCH : Oui, comme toujours, la vérité est simple et ce n'est pas nouveau : « ce qui se conçoit bien s'énonce clairement ». Mais la respiration, tant au niveau physiologique que biologique, n'est pas à mon avis un problème simple.
Guy Roulier : Jean- Claude, tu as déclaré et fait la démonstration que le Liquide Céphalo-Rachidien (LCR) ne pouvait pas être le moteur du mouvement crânien tel qu'annoncé par W.G Sutherland puis écrit par H.I. Magoun. Cela implique également que le MRP (Mouvement Respiratoire Primaire) n'existe pas. Alors que ce passe-t-il au niveau du crâne ?
Jean-Claude Herniou : La
pression et la vitesse de fluctuation du LCR sont
beaucoup trop faibles pour expliquer les mouvements des
os du crâne, qui existent cependant bel et bien et
heureusement par déformations. Les sutures amortissent
les contraintes.
Par ailleurs, plus généralement dans cette affaire de
l'ostéopathie crânienne, la publication
d'H.I. Magoun pose beaucoup plus de problèmes que
celle de W.G. Sutherland.
W.G. Sutherland a fait une réelle découverte publiée
dans son livre the Cranial Bowl, par contre H.I. Magoun a
dangereusement exploité ce concept dans son livre
Osteopathy in the Cranial Fields.
Ce problème est vaste et je m'en expliquerais
clairement dans une prochaine publication.
GR : Mais alors, si le crâne se déforme néanmoins, si les sutures crâniennes amortissent les contraintes, d'où viennent ces contraintes et quels sont les vecteurs des déformations crâniennes ?
JCH : Le crâne subit en permanence des contraintes externes dues aux tensions musculaires et parfois aux traumatismes. La contrainte interne due au LCR est très faible sauf pathologies graves bien connues. Les contraintes sont logiquement amorties par les sutures dont certaines restent présentes toute notre vie. Grâce à ces sutures le crâne se déforme en cas de choc un peu comme un avion le fait lors des turbulences. Si les sutures n'existaient pas, les risques de fractures seraient encore bien plus grands. Bien sur ces « amortisseurs suturaux » ont des limites ! Connaissant les modules d'élasticité et de déformation des os du crâne et de la dure-mère, que j'ai estimés en 1987, et sachant que Ec = 1/2 m .v 2 , on peut facilement calculer les limites de déformabilité jusqu'à la rupture de l'os.
GR : Est-ce que cela change fondamentalement l'étude du crâne au niveau ostéopathique ? Les lésions et leur traitement sont-elles différentes ?
JCH : Non. Tous les mouvements des os du crâne décrits de manière empirique par les ostéopathes sont dans l'ensemble à peu près conformes à la réalité. La plupart des lésions peuvent être traitées suivant les normes habituellement décrites par les ostéopathes. Trois problèmes principaux se posent cependant :
GR : Si l'on a beaucoup parlé depuis une cinquantaine d'années de « rythme crânien », penses-tu qu'il puisse y avoir effectivement une pulsion rythmique qui s'exerce sur le crâne, par exemple sous l'impulsion du diaphragme ?
JCH : Il y a une déformation rythmique (sinusoïdale) ventilatoire costo-diaphragmatique de la boîte crânienne comme sur le reste du corps qui s'exerce par l'intermédiaire des muscles et des fascias. Mais il y a aussi le rythme à fréquence rapide du pouls artériel qui est loin d'être négligeable. Plusieurs autres bio-rythmes existent comme la micro-motilité capillaire liée au remplissage artériolaire, ou l'onde de Traube Hering par exemple. Par contre les idées de James Norton mettant en relation les bio-rythmes du patient et du praticien peuvent nous amener dangereusement à la confusion palpatoire entre soi et l'autre. Il existe heureusement des techniques d'apprentissage palpatoire qui permettent de différencier facilement nos propres bio-rythmes et ceux de nos patients.
GR : Te rends-tu compte que tu bouleverses à la fois les connaissances considérées comme acquises depuis Sutherland et Magoun, et l'enseignement du « crânien » dans le Monde !
JCH : Oui, mais tu sais ce
bouleversement n'a que bien peu d'importance
par rapport aux nombreuses et formidables découvertes
scientifiques dont ce récent vingtième siècle a fait
preuve.
Il est temps en effet pour l'Ostéopathie, que nous
aimons tous, d'être enfin et définitivement sur la
voie de la crédibilité scientifique et que les
charlatans de tout poil qui la discréditent actuellement
disparaissent des tableaux d'honneurs.
GR : Tu ne vas pas te faire que des amis dans le monde ostéopathique ; cela dérange beaucoup !
JCH : J'ai la chance d'avoir de nombreux amis parmi les ostéopathes dans toute l'Europe, ceux là seuls m'intéressent. Quant à la critique facile, la médisance, voire la calomnie, dont font preuve certains... elle ne démontre que leur vanité, leur jalousie et leur ignorance.
GR : D'ailleurs est-ce la raison pour laquelle tu as gardé longtemps tes travaux dans tes tiroirs ?
JCH : J'ai gardé « sous le coude » toutes ces idées pour différentes raisons. La principale est que l'Ostéopathie ne me semblait pas mûre pour recevoir et surtout accepter ce genre de remise en cause, c'est à dire : une critique constructive. Maintenant que l'Ostéopathie est « reconnue » ou en voie de reconnaissance, il est temps de trier le bon grain de l'ivraie. La casse, pour certains, sera à la hauteur de leur prétention car ils ne pourront plus parler de mysticisme ou d'ésotérisme dans une Université Scientifique (médicale et scientifique). C'est la voie que l'Ostéopathie mérite.
GR : Maintenant comment vois-tu l'avenir de l'ostéopathie crânienne ? Son enseignement, ses applications, et à travers cela l'élimination des mages et des gourous ?
JCH : L'élimination des
gourous et mages de l'Ostéopathie est imminente et
ils le savent. Cependant, ils pourront toujours exercer
leurs prières et incantations en annonçant une autre
couleur : « praticien en channelling »
par exemple! Qu'ils se rassurent de nombreuses
personnes inquiètes et crédules les consulteront
encore.
L'Ostéopathie n'a plus rien à voir avec
certaines thérapies « new age » en vogue aux
USA, puisque le concept d'A.T. Still est
aujourd'hui scientifiquement établi.
L'enseignement se fera certainement en Université
et/ou dans des Écoles ou Instituts privés, sous contrat
et contrôle de l'État, avec des enseignants
universitaires de très bon niveau scientifique.
GR : Donc, l'OSTÉOPATHIE grâce à tes travaux doit se trouver grandie, crédible, débarrassée de quelques ésotérismes nuisibles à son image d'approche scientifique qui n'exclut pas l'art du praticien. Est-ce ton avis ?
JCH : Je n'espère apporter que ma modeste pierre à ce grandiose édifice qu'est l'Ostéopathie. L'art du praticien de toute façon restera déterminant. La main intelligente est un outil inégalable et l'Art du praticien sera par bonheur vraiment très très difficile à numériser et informatiser.
GR : Un grand MERCI et à bientôt Jean-Claude.
Reproduit avec l'autorisation de JC Herniou.