par Paul VAUCHER
Les mouvements de la sphère crânienne sont ceux le plus contestés dans le milieu médical. En effet les théories de Sutherland semblent ne pas pouvoir être démontrables. La clinique semble toutefois faire ses preuves.
Plusieurs explications ont été données afin de résoudre l'énigme du Impulsions Rythmiques Crâniennes (CRI). Le model les plus médicalement acceptable pour expliquer le CRI est pour le moment celui de James M. Norton. Il émet l'hypothèse que le CRI serait une onde résultant de l'interaction entre le thérapeute et le patient faisant intervenir le rythme cardiaque et respiratoire des deux participants. Ceci expliquerait les résultats différents trouvés lorsqu'on réalise un test à l'aveugle avec plusieurs thérapeutes. Ce modèle n'a cependant pas été vérifié expérimentalement par les dernières découvertes de Wirth-Pattullo V. sur le rythmes cranio-sacrés et par Hanten W.P. sur l'influence de la respiration et du rythme cardiaque sur ce système.
Cette hypothèse n'est toutefois pas réductionniste par rapport à l'application de la thérapie crânienne. En effet, le modèle de Norton montre que l'expérience et la faculté du thérapeute de retrouver le même état lors de sa pratique permet un diagnostic fiable sur la vascularisation et l'état des tissus à tester.
Les os du crâne sont étroitement liés les uns aux autres par des aponévroses, des muscles, la dure mère et ses expansions (la membrane de tension réciproque) et par le périoste. Le cuir chevelu est richement vascularisé et est en continuité avec l'aponévrose. Le périoste est épais et se trouve fixé à l'os principalement au niveau des sutures. Ces éléments permettent d'envisager une explication des restrictions de mobilité ressenties et surtout d'émettre une nouvelle hypothèse sur la nature du CRI. L'avantage de ce concept est sa compatibilité avec le domaine médical actuel et les notions partagées avec les stomatologues et les orthodontistes.
D'autre part, Jacques Delaire, sur des bases cliniques, émet l'hypothèse que la formation du crâne résulterait des équilibres qui la gère. Cette situation d'équilibre serait constamment remodelée durant la croissance. Cet équilibre doit être optimal afin que le crâne s'adapte tout en conservant une orthodontie fonctionnelle. Cet équilibre est régi par différents facteurs :
Le système sagittal médian (faux du cerveau et du cervelet) et le système horizontal (tente du cervelet, de l'hypophyse, paroi du sinus caverneux, dure-mère adhérente à l'étage antérieur) qui constituent un système fibro-aponévrotique dure-mérien, sensiblement orthogonal, maintenu sous tension permanente, par les muscles qui s'insèrent sur l'occiput et les rochers.
Ces hypothèses ont été fondées en plus de la clinique sur l'ontogenèse et la phylogenèse. La mise en place des os du crâne semble suivre les mêmes modifications selon l'évolution de l'espèce et la croissance de l'individu. Il semble que ces phénomènes ne soient pas uniquement d'ordre génétique, mais également par rapport aux contraintes que subissent les pièces osseuses du crâne qui se mettent ainsi en perpétuel équilibre les uns avec les autres. Il est intéressant de noter que les axes empruntés dans cette mise en place lors de la croissance sont pratiquement les mêmes que ceux décrits par Sutherland alors qu'il n'a pas basé ses axes sur la croissance.
Deuxièmement les stomatologues et orthodontistes ont noté (Deshayes) que lors de la flexion sphéno-occipitale (durant la croissance), les pièces périphériques s'adaptent en rotation externe (qui sont quasiment les mêmes mouvements que ceux décrits en ostéopathie) sauf s'ils subissent des contraintes qui les entraîneraient alors un nouvel équilibre inadapté. Cette pièce se trouverait alors en rotation interne.
Apparemment la constitution et la mise en place des os du crâne et de la face seraient étroitement liées aux tensions exercées sur ceux-ci par le biais des muscles faciaux, les muscles du cou, les aponévroses, le tractus digestif, la membrane de tension réciproque (faux du cerveau et du cervelet ainsi que la tente du cervelet) (1-3, 5, 10,14,15,23,25) et de la charnière occipito-atloïdienne (16-21).
D'autres médecins de réputation internationale défendent ces propos tel que : Precious, Armstrong, Morais, Salagnac, Dambricourt-Malasse, Huggare,...
Il est dès lors intéressant de noter que l'ostéopathe peut diagnostiquer et agir directement sur les restrictions de mobilité. Il peut ainsi redonner à chaque structure son potentiel d'adaptation en rotation interne ou externe et permettre au crâne de croître en harmonie.
Toutefois, ce concept ne fait pas l'unanimité chez les stomatologues et orthodontistes. En effet Ferre, Chevalier, Lumineau et Barbin démentissent ouvertement l'irréalisme et l'inefficacité du concept crânien ainsi que l'inexactitude des propos de Delaire.
Il est de mon avis qu'actuellement il est temps de remettre en cause les hypothèses de Sutherland sur la contraction rythmique de la névroglie. En effet il est aujourd'hui démontré et connu de tous (dans le domaine médical) que l'impulsion nerveuse se fait par des échanges actif et passif de ions (Na, Cl, K, etc...) et que ce n'est pas le soit disant flux de LCR qui engendrerait ce courant comme le pensait Sutherland et Magoon. Il est également de mon avis qu'il est essentiel que l'ostéopathie se penche sur le rôle des muscles et des aponévroses de la face dans la lésion ostéopathique crânienne.
Si vous désirer en savoir plus sur les sujets mentionnés, voici une bibliographie qui représente un trésor d'information sur le domaine crânien.
Paul VAUCHER
Bibliographie